Sin Nombre, réalisé par Cary Fukunga

Publié le par pL


PRIX DU JURY – DEAUVILLE 2009

Le hasard veut que sortent cette année, à quelques semaines d’intervalle, deux films décrivant l’emprise de gangs sur les pays d’Amérique centrale. Un documentaire de Christian Poveda, La vida loca et une fiction de Cary Fukunga, Sin Nombre. Les deux films ont en commun leur pessimisme, puisque la mort plane constamment sur ceux qu’ils filment (personnes chez Poveda, personnages chez Fukunga) et qu’aucune alternative ne s’offre à eux. Parce que l’un commence où l’autre s’achevait (lors d’une scène d’intégration, glaçante dans les deux films), Sin Nombre pourrait être la continuité de La Vida Loca, mais les deux films parviennent à exister indépendamment, en tirant au mieux parti de leur genre : sur un postulat similaire, les deux films revendiquent des préoccupations différentes, Christian Poveda proposant un documentaire faisant l’état des lieux d’un pays en crise quand Cary Fukunga, par le biais de la fiction, invente des personnages pour analyser ce qu’engendre un arrachement à la terre d’origine. Sin Nombre est ainsi le récit de l’errance désespérée de Willy, baptisé Casper par la Mara, de ses dernières heures avant une mort d’emblée inévitable.

Il y a un rêve au cœur de Sin Nombre affirmé dès l’incipit qui, dans un judicieux champ-contre champ, retient un tableau de paysage d’automne saturant le champ et Willy assis sur son lit. A l’échelle du film, il y a le rêve d’une famille hondurienne d’immigrer aux Etats-Unis, et le chemin à parcourir s’annonce long (le plan de la carte…) et semé d’embuches. Evidemment, le montage alterné veut que Willy, pourchassé par son clan après qu’il a tué le chef, croise le chemin de Sayra, la fille de la famille, et cela implique une histoire d’amour, filmée avec beaucoup de pudeur et de justesse.

Pour cette fuite vers un ailleurs meilleur, obligatoirement idéalisé, Cary Fukunga fait preuve d’une grande habileté. Son premier film aux airs de road movie réussit à raconter une histoire cohérente et prenante, avec des personnages nuancés et très bien interprétés, sans délaisser les questions qu’elle amène. Sa mise en scène, percutante, se fondant sur des plans rigoureusement composés (et par ailleurs très beaux), contribue à hisser Sin Nombre au rang de premier film remarquable.

14/20

Publié dans Critiques de 2009

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P
<br /> Ah carrément 16! Ca lui assure une belle place dans ton top 2009 alors...<br /> <br /> <br />
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A
<br /> On est ok, c'est vraiment excellent pour un premier film, parfois brillamment mise en scène, jamais complaisant et constamment émouvant. J'ai même mis 16^^<br /> <br /> <br />
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C
<br /> j'ai vu la bande annonce ,j'ai ete sensible à certaines scenes mais c'est trop violent pour moi....je passe sans doute à cote d'un bon film..<br /> <br /> <br />
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