Qu'un seul tienne et les autres suivront, réalisé par Léa Fehner

Publié le par pL

Qu'un seul tienne et les autres suivront

Dans sa première réalisation, Léa Fehner opte pour une structure risquée, celle du film choral. C’est trois histoires qu’elle mène alternativement : celle de Laure, 16 ans, dont le copain, presque aussi jeune, est en prison ; celle de Stéphane, approché par un inconnu pour qu’il prenne la place d’un homme incarcéré lui ressemblant étrangement, et celle de Zohra, mère cherchant à découvrir ce qui est arrivé à son fils, assassiné. Construit avec beaucoup de soin, le scénario de Léa Fehner évite toute redondance d’une histoire à l’autre, et si le film est étroitement lié à l’univers carcéral, elle reste (presque) toujours hors des murs de la prison pour s’intéresser à la vie de l’entourage des détenus. Qu’un seul tienne et les autres suivront (très beau titre) suit des personnages affaiblis, souffrants, mais le ton est toujours juste : le pathos est systématiquement écarté par une approche toute en pudeur préférant les non-dits.

Léa Fehner sait écrire un scénario : ses histoires se suivent avec intérêt, et ses personnages sont très élaborés. Ils permettent à des interprètes peu connus de s’imposer comme de véritables révélations. Malgré tout – et comme dans la grande majorité des films de ce type – une histoire passionne plus que les autres, aborde en profondeur les thèmes qu’elle implique. C’est le cas de celle de Zohra (Farida Rahouadj, formidable), qui va se rapprocher de Céline (Delphine Chuillot, excellente), la sœur de celui qui a tué son fils. Entre elles naît une relation ambigüe, filmée avec beaucoup de délicatesse. A partir de cette intrigue assez simple, Léa Fehner s’interroge à la fois sur le besoin d’affronter ses démons pour faire le deuil et sur la nécessité de soutenir ceux qui sont derrière les barreaux, malgré la douleur provoquée par la visite au parloir. Forcément, à côté de ce bouleversant segment, les deux autres s’apparente parfois à de la broderie, malgré leur habile construction et leurs acteurs inspirés (l’histoire de Laure et Alexandre est par exemple très jolie, voire touchante, mais n’ouvre sur pas grand-chose…). La réalisation de Léa Fehner est quant à elle un peu trop timide voire hésitante, mais, malgré son inégalité et quelques maladresses, Qu’un seul tienne et les autres suivront est un premier film remarquable, bien mené et très soigné.

11,5/20

Publié dans Critiques de 2009

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A
<br /> Waw, chouette blog, je vous remercie pour les astuces et notez en 1er lieu que je "plussoie" pleinement ce point de vue... J'insiste, votre billet est réellement bon, spécialement pour les<br /> néophytes comme moi ! PS : Par hasard, auriez-vous d'autres blogs à me recommander ?<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> Joli choix de photo. Moi aussi j'ai bcp aimé ce film. J'ajouterais que les dialogues (co-écrits par Catherine Paillé) sont très bons & amènent une touche de décalage à l'histoire.<br /> <br /> <br />
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