The Social Network, réalisé par David Fincher

Publié le par pL

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Finalement, il n’y a rien d’étonnant à ce que David Fincher se soit intéressé à Mark Zuckerberg, nerd qui, après avoir été plaqué par sa petite amie, créera le plus grand social network au monde, Facebook. Peu de choses séparent ce nouvel antihéros solitaire du personnage principal de Fight Club qui s’inventait un double, de Robert Graysmith, le dessinateur fasciné par le zodiac qui, plus il s’investissait dans son enquête, plus il se coupait du présent, ou même de Benjamin Button, qui rajeunissait tandis que les autres vieillissaient et était dès lors contraint de vivre en marge du monde. S’il a transformé le quotidien de l’homme moderne et modifié irréversiblement le rapport à l’autre dans la société du vingt-et-unième siècle, Zuckerberg n’a agi que pour lui-même. Aussi The Social Network est-il d’abord un portrait du créateur de Facebook, de ses années à Harvard à ses divers procès l’opposant à un ancien ami et à d’autres étudiants l’accusant de plagiat.

Bénéficiant d’un scénario magistralement écrit, qui réussit à rendre digeste une intrigue dense et bavarde, Fincher réalise un film absolument maîtrisé mettant en lumière des acteurs parfaitement dirigés : Jesse Eisenberg, en sweet à capuche et claquettes, réussit à faire de Zuckerberg un personnage tour à tour méprisable et pathétique tandis que les seconds rôles sont suffisamment consistants pour ne pas être éclipsés (notamment Andrew Garfield et Justin Timberlake, surprenants). Dans ce film, le réalisateur est pour une fois très discret, optant pour une mise en scène assez classique qui, si elle est efficace, manque tout de même d’audace malgré quelques bonnes idées : l’utilisation permanente et judicieuse des flous et le refus constant de la profondeur de champ pour décrire la solitude de Mark Zuckerberg ; un champ-contrechamp final (touchant) faisant écho à la jolie séquence d’ouverture ; une scène d’aviron, exercice de style intriguant mais qui se mêle mal au reste du film... The social network est un film virtuose captivant sans toutefois avoir la même ampleur que les précédentes œuvres de Fincher.

13/20

Publié dans Critiques de 2010

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F
wééé c'est mon meilleur film ^^
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F
<br /> J'ai adoré votre article merci ! Je vais essayé de voir film :)<br /> <br /> Streaming Film <br />
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G
<br /> <br /> très bien vu pour cette fascination des personnages un peu en marge de la société chez Fincher. Le film ne vaut pas grand chose en lui-même, mais il est vraiment impeccable, que ce soit dans les<br /> dialogues, la mise en scène ou l'intérprétation. Un bel exercice bien maîtrisé dans sa filmo, disons.<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Mais c'est peut être aussi que c'est si proche qu'on manque nous même de recul pour voir si il s'agit vraiment d'un film générationnel ou d'un simple fait isolé. Il sera intéressant de<br /> revoir le film dans quelques années quand le phénomène facebook sera mieux digéré et peut être que je me dirais alors que j'étais complètement à côté de la plaque ou au contraire que Fincher<br /> avait un regard pertinent sur son époque. <br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Oui je pense qu'il est encore trop tôt pour réellement cerner la portée du film.<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> Je trouve pourtant que c'est l'aspect le plus mis en avant. L'opposition quasiment caricatural entre Zuckerberg petit geek sans charisme face aux deux jumeaux beaux brillant et riches qui<br /> maintenant échouent dans un monde où le progrès et l'économie passe par internet et les nouvelles technologies. Le paradoxe de la génération y littéralement connecté les uns aux autres et<br /> pourtant déséspérement seuls et isolés (ce que le personnage de Zuckerberg illustre à lui seul). L'illustration des buts de cette nouvelle génération et cette succes story contrairement à celle<br /> des biopics habituel n'est pas le fruit du travail de la détermination et de la grande motivation du personnage mais de sa détresse personnelle et de la peur de la solitude. Sans oublié enfin le<br /> rapport à la technologie toujours très présent dans le film, dans le fond comme sur la forme.<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> c'est vrai, j'ai bien vu tout ce que tu dis dans le film, mais je n'aurais pas parlé spontanément de génération...<br /> <br /> <br /> <br />