The Social Network, réalisé par David Fincher
Finalement, il n’y a rien d’étonnant à ce que David Fincher se soit intéressé à Mark Zuckerberg, nerd qui, après avoir été plaqué par sa petite amie, créera le plus grand social network au monde, Facebook. Peu de choses séparent ce nouvel antihéros solitaire du personnage principal de Fight Club qui s’inventait un double, de Robert Graysmith, le dessinateur fasciné par le zodiac qui, plus il s’investissait dans son enquête, plus il se coupait du présent, ou même de Benjamin Button, qui rajeunissait tandis que les autres vieillissaient et était dès lors contraint de vivre en marge du monde. S’il a transformé le quotidien de l’homme moderne et modifié irréversiblement le rapport à l’autre dans la société du vingt-et-unième siècle, Zuckerberg n’a agi que pour lui-même. Aussi The Social Network est-il d’abord un portrait du créateur de Facebook, de ses années à Harvard à ses divers procès l’opposant à un ancien ami et à d’autres étudiants l’accusant de plagiat.
Bénéficiant d’un scénario magistralement écrit, qui réussit à rendre digeste une intrigue dense et bavarde, Fincher réalise un film absolument maîtrisé mettant en lumière des acteurs parfaitement dirigés : Jesse Eisenberg, en sweet à capuche et claquettes, réussit à faire de Zuckerberg un personnage tour à tour méprisable et pathétique tandis que les seconds rôles sont suffisamment consistants pour ne pas être éclipsés (notamment Andrew Garfield et Justin Timberlake, surprenants). Dans ce film, le réalisateur est pour une fois très discret, optant pour une mise en scène assez classique qui, si elle est efficace, manque tout de même d’audace malgré quelques bonnes idées : l’utilisation permanente et judicieuse des flous et le refus constant de la profondeur de champ pour décrire la solitude de Mark Zuckerberg ; un champ-contrechamp final (touchant) faisant écho à la jolie séquence d’ouverture ; une scène d’aviron, exercice de style intriguant mais qui se mêle mal au reste du film... The social network est un film virtuose captivant sans toutefois avoir la même ampleur que les précédentes œuvres de Fincher.
13/20