L'Imaginarium du Docteur Parnassus, réalisé par Terry Gilliam
Terry Gilliam est un cinéaste maudit, depuis les interruptions du tournage des Aventures du baron de Münchausen jusqu’à l’avortement de son adaptation de Don Quichotte (qui a tout de même donné le documentaire Lost in la Mancha). Après une horrible relecture d’Alice au pays des merveilles (Tideland), voici son nouveau film, qui aurait pu ne jamais voir le jour suite à la disparition de son interprète principal pendant le tournage, Heath Ledger. Heureusement, le réalisateur n’a pas baissé les bras, et a demandé à Johnny Depp, Jude Law et Colin Farrell de reprendre son rôle. Au final, cette multiplication des figures est la plus belle trouvaille de L’Imaginarium du Docteur Parnassus, en parfaite cohérence avec le projet : dès qu’il traverse un miroir, carrollien, pour entrer dans le mode de ses rêves, Tony (Ledger) change de visage (tour à tour Depp, Law et Farrell, très biens). La force de ce film est donc paradoxalement liée au hasard, le reste étant bien moins convaincant car souffrant des mêmes carences que la plupart des films de Gilliam.
Un tel film, proposant un voyage dans l’imagination, implique nécessairement des trouvailles visuelles et des idées originales afin de créer le monde de rêve atypique dans lequel basculent les divers clients de Parnassus. Il y a des séquences bien pensées, comme perdues dans un film brouillon, qui fait se succéder les unes aux autres des idées, certes innombrables mais à peine exploitées. Gilliam se perd souvent, et son film ne se rattrape ni par son humour ni par son esthétique. Version délavée de Charlie et la chocolaterie de Tim Burton, les séquences se déroulant dans l’imaginaire des personnages (tous trop fades) font preuve d’un impressionnant mauvais goût. L’Imaginarium du Docteur Parnassus est ainsi un film moche, confus et trop peu concis pour provoquer autre chose qu’une grande frustration à l’issue de la projection. Dommage, une fois de plus…
9/20