Girlfriend experience, réalisé par Steven Soderbergh

Publié le par pL

 


Steven Soderbergh est un cinéaste inégal, mais constamment intriguant, osant se confronter à tous les genres et alternant les projets de toutes tailles. Après un portrait du Che en deux parties, voici celui d’une escort girl en moins d’une heure et demie. La prostituée de luxe, Christine, c’est Sasha Grey, une ancienne actrice porno. Le choix de casting est audacieux, mais ce qui l’est encore plus, c’est la façon qu’a Soderbergh de la filmer. Dans des plans sombres, floue ou au second plan, il ne fait jamais de Sasha Grey un objet de fantasme pour le spectateur : au contraire, il la rhabille, lui refuse des scènes de sexe explicité, simplement parce qu’il ne perd jamais de vue son projet. Girlfriend experience n’a pas la prétention de suivre en temps réel son personnage mais préfère élargir son regard à la société dans laquelle elle évolue, Amérique en pleine crise, à la veille des élections présidentielles de 2008.

C’est un monde aseptisé que peint Soderbergh, fait de décors froids trop géométriques, où l’argent est roi et tout est business (Chelsea, pseudonyme de Christine, tient un site sur lequel ses clients postent des avis censés faire sa publicité). Il n’y a dès lors pas de place pour le corps, réduit à une marchandise comme les autres. Christine se prostitue pour gagner aisément sa vie et jamais par plaisir : elle est en couple depuis plusieurs années avec Chris, un coach sportif. Cette seconde figure offre elle aussi à Soderbergh la possibilité d’élargir sa démonstration sur le culte des apparences. Avec une description des artifices, notamment vestimentaires, évoquant les romans de Bret Easton Ellis, Girlfriend Experience est un film glaçant car sans espoir ni alternative possible. La seule personne à laquelle Chelsea, la prostituée, acceptera de se confier, c’est un scénariste à qui elle laissera entrevoir les failles de Christine, la femme en dehors de son activité. Il lui fera finalement faux bond et la laissera prisonnière de son personnage. Il ne sera qu’un client satisfait parmi tant d’autres…

12/20

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Vous avez réagi:

Ecrit par Alastor le sam 19 sep 2009 - 20h32

Oh elle fera les deux je pense, c'est une fan de ciné indé, de la nouvelle vague de Soderbergh. Si des réals n'essaient pas de lui coller des rôles racoleurs sans finesse elle deviendra peut etre une actrice intéressante. Je reste curieux en tout cas.
Ecrit par pL le ven 18 sep 2009 - 19h44
Ah c'est surprenant qu'elle continue le porno après avoir tourné avec Soderbergh...
Le cycle Tarantino arrive, je publierai la critique de Reservoir Dogs dans quelques jours. En même temps, j'ai encore beaucoup de critiques de films en salles à rédiger avant de les oublier... Mais le cycle arrive, c'est promis!
Ecrit par Alastor le ven 18 sep 2009 - 19h19
"Sasha Grey, une ancienne actrice porno"
Non, a noté en fait qu'elle est toujours actrice porno et qu'elle essaye en fait de mener plusieurs carrière à la fois, dans le cinéma X, dans le cinéma traditionnel et dans la musique expérimentale. J'ai lu sa page myspace et pour une actrice porno elle a une personnalité intéressante notamment dans cette volonté de mélanger plusieurs choses qu'elle aime faire et de les assumer sans tabou. En cela je trouve que Soderbergh est parvenu à lui offrir un rôle qui colle énormément à sa personnalité.
Au fait où est passé le cycle Tarantino prévu?

 

 

Publié dans Critiques de 2009

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