Non ma fille, tu n'iras pas danser, réalisé par Christophe Honoré

Publié le par pL


Que l’on apprécie ou non son travail, on ne peut contester le talent de Christophe Honoré, essentiellement depuis sa version singulière et moderne de La Princesse de Clèves, projet d’abord télévisuel aux intentions des plus nobles et assez bien mené. Avant, les deux films qui l’ont imposé comme l’une des figures majeures du cinéma français actuel (Dans Paris et surtout Les Chansons d’amour) témoignaient d’un amour des mots et de la culture et étaient des hommages à la Nouvelle Vague dont on voyait malheureusement avant tout les ficelles. Il aura fallu attendre ce sixième long-métrage, Non ma fille, tu n’iras pas danser, pour affirmer sans réserve possible que Christophe Honoré est bel et bien l’un des meilleurs auteurs d’aujourd’hui. Son nouveau film est celui qui sonne le plus juste, qui continue de revendiquer ses influences, musicales, littéraires et cinématographiques, sans que celles-ci ne viennent jamais l’écraser. Le cinéaste impressionne alors (enfin !) par son grand talent d’écrivain et sa direction d’acteurs.

Non ma fille, tu n’iras pas danser, c’est aussi le film de Chiara Mastroiani. L’actrice a beau avoir toujours offert de très belles prestations, le rôle que lui offre ici Honoré est celui de la consécration. Elle amène Léna, mère de famille séparée, du début à la fin du film en jouant subtilement sur une large gamme de sentiments rendant compte avec une extrême précision de son indécision et de son mal-être. Dans ce film aussi drôle que cruel, aussi brutal que sublime, où les bons sentiments n’ont pas leur place, il est question d’enfermement. Retournée chez ses parents en Bretagne, Lena étouffe, n’a plus assez d’oxygène pour respirer et vivre libre. Comme dans Un conte de Noël de Desplechin, avec lequel Non ma fille, tu n’iras pas entretient quelques similitudes (dont la prise en charge de la narration par un parent malade pour présenter ses proches), la famille est toxique. Celle convoquée par Honoré oppresse Lena alors que paradoxalement elle agit avec les meilleures intentions. C’est finalement le portrait d’une mère un peu perdue (la séquence où elle va voir son fils à l’école est poignante), souffrant de la comparaison avec sa sœur aux airs parfaits (Marina Foïs, excellente) et plus généralement avec ceux qui l’entourent et qui ne semble pas aussi seuls qu’elle (ses parents, son frère), que dresse Christophe Honoré. Lors d’un envoûtant conte breton clairement métaphorique du projet, il va même jusqu’à condamner son personnage et le film n’en devient alors que plus beau et intense.

16/20

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Vous avez réagi:

Ecrit par pL le mer 30 sep 2009 - 01h23

Je n'ai jamais adoré les films de Honoré jusque là. Et la scène du conte dans Non ma fille tu n'iras pas danser me semble être un bien belle métaphore du film qui est par ailleurs très bien mise en scène et a parfaitement sa place au coeur de la narration.
Ecrit par Chris le mar 29 sep 2009 - 20h04
D'accord globalement avec ce que tu dis même si tu parais moins "empathiquement lié" à Honoré que d'autres. Le film à propos de la Princesse de Clèves s'appelle en réalité La belle personne (Quel beau titre !). Je suis très heureux de ne pas avoir été le seul à avoir été sidéré (estomaqué ?) par le conte central. La parenté avec Un conte de Noel est visiblement aussi partagée.
Go on !

 

Publié dans Critiques de 2009

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