Loin de la terre brûlée, réalisé par Guillermo Arriaga
Si Guillermo Arriaga avait offert à Alejandro Gonzales Iñarritu de magnifiques scénarios (Babel, et surtout 21 grammes), son premier film en tant que réalisateur est loin d’être aussi convaincant. Loin de la terre brûlée contient les thématiques chères au scénariste et opte également pour une narration éclatée, brassant les histoires d’une épouse infidèle, de sa fille se rapprochant du fils de l’amant de sa mère après la mort de celle-ci et d’une femme énigmatique un peu paumée. Trois portraits de femmes remarquablement interprétées par Charlize Theron, Kim Bassinger et Jennifer Lawrence, mais qui paraissent pourtant bien fades faute à une réalisation plate ne réussissant jamais à capter avec justesse les moments d’émotion offerts par le scénario. Le film est très propre (jolie photo, raccords soignés – un peu trop pour paraître naturels… – pour passer d’un personnage à un autre…), mais tombe à maintes reprises dans la superficialité, notamment lors du final, un jeu de regards totalement surfait, et dans un symbolisme lourd et envahissant (le tout premier plan illustrant le titre…).
Si le scénario était intéressant sur le papier, il manque clairement le talent d’un Iñarritu derrière la caméra, Guillermo Arriaga se concentrant toujours sur l’anecdotique pour oublier la profondeur et les questions passionnantes qu’impliquait le sujet. Par ailleurs, son entrelacement d’intrigues (sa marque de fabrique) est moins habile que dans ses autres scénarios : après certaines révélations (toutes plus ou moins attendues) permettant de recoller les morceaux, l’impression de retour en arrière pour tourner en rond laissée par les séquences suivantes est très désagréable. Loin de la terre brûlée, trop long et trop lisse pour être un grand film, est donc une énorme déception, prouvant qu’un excellent scénariste n’est pas forcément un bon réalisateur…
8/20