La Vague, réalisé par Dennis Gansel

Publié le par pL


La vague part d’une idée reçue, sans cesse rabâchée comme si cela était protecteur : vu l’extrême sensibilisation des jeunes vis-à-vis des horreurs commises par les nazis pendant la seconde guerre mondiale, le retour au pouvoir d’un tel régime est impossible et inimaginable. C’est ce que répondent mécaniquement des élèves lorsque leur professeur leur pose la question, dans le cadre d’un atelier sur l’autocratie. Le film se met gentiment en place, empruntant le style scolaire de son décor pour définir clairement et une fois pour toutes les thèmes qui seront approfondis par la suite. La grande réussite de La vague, c’est d’avoir su mener une dissertation sur le fonctionnement des systèmes totalitaires en s’éloignant du cadre barbant de la salle de classe : Wengler, le prof de sport, dispense un cours socratique à ses lycéens, auxquels il démontre les dangers du communautarisme.

Le film de Dennis Gansel brille par son intelligence : il creuse chacun des concepts en jeu, approche en nuance tous les thèmes inhérents à son passionnant sujet. La vague démontre ainsi certains paradoxes de la communauté formée, cherchant à gommer les inégalités en prônant le port de l’uniforme (une tenue ordinaire : jean et chemise blanche) mais refusant tout ce qui est différent (voir comment certains membre de La vague interdisent l’entrée aux autres élèves l’entrée au lycée). Le film est également un constat inquiétant sur une jeunesse fragile, manipulable et se cherchant un modèle pour pouvoir exister. Il s’inscrit parfaitement dans le monde d’aujourd’hui par sa réalisation (le style clippesque de certaines séquences se justifie plutôt bien) qui, par ailleurs, offre quelques belles idées de narration : ainsi, le sport dans la piscine, leitmotiv du film, fait-il écho à l’exaltation du corps chère aux nazis, comme l’avait prouvé Leni Riefenstahl. Enfin, le minutieux travail sur la psychologie des personnages est à saluer, puisque l’ambiguïté de Wengler, notamment lors de la séquence finale, est une nouvelle preuve que connaître l’histoire n’immunise pas contre une éventuelle récidive.

14,5/20

Publié dans Critiques de 2009

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
<br /> <br /> Salut<br /> <br /> <br /> Je viens de me balader sur ton site, et je dois avouer que tu as une belle plume.<br /> <br /> <br /> Je suis un peu moins conquis par la Vague, que j'apprécie tout de même. Je préféère de loin l'original, presque introuvable et sortit dans les années 80 il me semble. Il se passait aux States et<br /> je l'ai trouvé plus crédible. Ce remake est, je le répète, tout de même très sympa.<br /> Bonne continuation ;)<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre