La Journée de la jupe, réalisé par Jean-Paul Lilienfeld

Publié le par pL


CESAR 2010 DE LA MEILLEURE ACTRICE (ISABELLE ADJANI)


Il serait assez injuste de ne considérer La journée de la jupe que comme un énième téléfilm, puisque sa réalisation inspirée et son scénario se confrontant sans langue de bois à des sujets sensibles le hissent largement au-dessus de la production télévisuelle actuelle et légitiment sa sortie sur des écrans de cinéma après une diffusion sur Arte. Le film de Jean-Paul Lilienfield emprunte beaucoup au théâtre, puisqu’il affiche une unité de temps et de lieu (le principal décor est d’ailleurs une salle avec une scène), pour s’imposer comme un huis clos nerveux et maîtrisé portant un regard critique sur notre système éducatif. Sorte d’Entre les murs désespéré, le film de Jean-Paul Lilienfeld retient principalement Sonia Bergerac, une prof de français dans un établissement difficile ayant le cran de venir enseigner en jupe mais incapable de canaliser ses élèves. Après la découverte d’une arme dans le sac de l’un d’eux, l’enseignante craque et s’en empare, rétablissant ainsi par la force le rapport entre professeur et élève qui s’était inversé. La prise d’otage, et surtout l’arme qu’elle a entre les mains, offre à Sonia la possibilité d’enseigner et de critiquer vivement les comportements de ceux qu’elle a en face d’elle.

Dans un magistral numéro d’actrice, Isabelle Adjani fait ressentir chacune des failles de son personnage, dénonçant les ravages de la religion (quelle qu’elle soit) dans une école publique se voulant laïque, et le sexisme permanent avec des mots et expressions justes et crus qui font sourire en même temps qu’ils résonnent longtemps dans nos têtes. Son franc-parler s’oppose radicalement aux silences et à l’inaction du principal et de collègues feignant l’amitié avec les élèves ou se réfugiant le terme d’islamophobie pour éviter de se mouiller dans des débats épineux. En évitant de s’attarder trop longuement sur les problèmes de cœur de ses personnages, Jean-Paul Lilienfield ne s’égare jamais et réalise un film moderne et subversif offrant à son actrice principale un come-back à la hauteur de son talent.

14/20

Publié dans Critiques de 2009

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article