Dog Pound, réalisé par Kim Chapiron
Dans la prison pour mineurs d’Enola Vale, Kim Chapiron suit Davis, Angel et Butch, trois adolescents respectivement incarcérés pour trafic de drogues, vol de voiture et agression sur un officier de probation. Trois brèves séquences introduisent les personnages avant leur entrée dans le pénitencier, qu’ils ne quitteront pas de tout le film. Le réalisateur met alors en scène quelques passages obligés du film de prison, de l’énonciation des règles aux premières confrontations avec les autres détenus, avec une concision remarquable. Dog Pound va à l’essentiel, trouve immédiatement son rythme et présente dans un style proche du documentaire le quotidien de jeunes délinquants incarcérés. Le film décrit ainsi la violence omniprésente en milieu carcéral et rend compte de l’impossibilité pour ces jeunes de se remettre en question avant d’être réinsérés dans la société.
Pourtant, plutôt que de s’acharner à défendre une morale ne pouvant que faire l’unanimité, Kim Chapiron propose un film d’ambiance. Les coups de poing résonnent ; la violence est filmée frontalement et de façon réaliste. Dog Pound est un film étouffant : dans cette fourrière, l’oppression permanente et les injustices récurrentes amènent chacun (détenus comme gardiens) à assouvir ses pulsions violentes. Même lors de scènes plus calmes, où les jeunes prisonniers laissent entrevoir une part d’humanité, la complicité apparente menace de se muer en un énième règlement de compte musclé. Bien aidé par ses interprètes, la plupart amateurs mais tous absolument remarquables, Kim Chapiron nous plonge dans un espace clos régi par la loi du plus fort que seule la caméra (et donc le spectateur) réussira à fuir à l’issue du film.
14/20