Eyes of war, réalisé par Danis Tanovic
Alors que l’intérêt d’Eyes of war était sans doute de se focaliser sur Mark Walsh, un photographe de guerre revenu blessé du Kurdistan, Danis Tanovic fait de son personnage principal un témoin quelconque du conflit. En s’intéressant à l’homme plutôt qu’au photographe, il délaisse trop rapidement les questions relatives aux photos de guerre et à ceux qui les prennent pour en poser d’autres auxquelles des dizaines de cinéastes ont déjà répondu avant lui. Reproduction quasiment à l’identique de tous les films plus ou moins récents sur le même sujet, Eyes of war s’intéresse aux ravages de la guerre sur les hommes qui y sont confrontés et démontre, sans une once d’originalité et de façon bien superficielle, l’impossibilité pour le héros de mettre des mots sur les images qui le hantent. La structure du film est ainsi très convenue : Eyes of war se déroule après le retour de Mark à Dublin et des images mentales viennent perturber la continuité du récit. Le père de sa compagne s’improvisera psychiatre pour l’inciter à raconter un souvenir douloureux, expliquant le non-retour de David, son collègue et meilleur ami.
Mark Walsh aurait été un personnage bien plus intéressant si Danis Tanovic ne nous obligeait pas à nous apitoyer sur son sort en le présentant constamment comme une victime. Pourtant, malgré un rôle assez peu consistant, Colin Farrell signe une prestation toute en retenue plutôt juste. A ses côtés les seconds rôles sont plus ou moins convaincants : Kelly Reilly parvient à émouvoir lors de chacune de ses apparitions, contrairement à Paz Vega et Christopher Lee qui agacent par leur surjeu. Le casting est à l’image du film : inégal. Car si Danis Tanovic donne à voir des scènes de guerre concises, intenses et superbement photographiées, il peine à mettre en scène les séquences au présent (majoritaires), trop bavardes alors qu’elles défendent un discours sur la guerre multipliant les raccourcis et n’évitant pas les lieux communs.
8/20