Rabia, réalisé par Sebastian Cordero

Publié le par pL

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La rage éponyme, c’est celle qui habite José-Maria, immigré sud-américain qui ne supporte plus les provocations de son patron, qu’il finira par tuer accidentellement. Poursuivi par la police, il  se réfugie dans la grande demeure où sa copine, Rosa, est employée comme domestique. Sur le papier, l’idée de Sebastian Cordero semble pertinente : faire de la maison un espace clos, la métaphore d’une Espagne encore loin d’être un modèle d’intégration. L’immigré doit s’y terrer et accepter la privation. Le réalisateur va jusqu’à proposer une comparaison avec un rat en montrant la transformation physique de José-Maria, glissant progressivement de l’humanité vers l’animalité. Pourtant, afin de servir un scénario habile, Sebastian Cordero opte pour des choix de mise en scène qui semblent peu judicieux. Il fait reposer l’intrigue sur les épaules de José-Maria, et le film met donc en avant son interprète, Gustavo Sanchez Parra. Une bien mauvaise idée tant le surjeu permanent de l’acteur rend le personnage risible et insupportable.

Rabia souffre également d’une grande incohérence : alors que José-Maria cherche à cacher sa présence, Sebastian Cordero se focalise sur lui. Au lieu de n’être qu’une silhouette essentiellement présente hors champ, le personnage est de presque tous les plans. Le huis clos n’est absolument pas maîtrisé : le réalisateur ne tire jamais parti de l’immensité de son décor (riche en zones d’ombre et en cachettes inquiétantes) et intègre des scènes en extérieur ratées. En outre, en multipliant les personnages secondaires, aux intentions bien trop évidentes, Rabia s’éparpille, ne parvient pas à mettre en place la tension attendue et le thriller ne fonctionne donc pas. Ce n’est cependant pas le seul genre auquel Cordero se confronte : lors d’appels téléphoniques entre José-Maria et Rosa, Rabia joue la carte du mélodrame en exposant une relation amoureuse compromise. Hélas, ces conversations ne sont qu’un déballage de phrases toutes faites, plombées par un excès de mièvrerie. Loin d’émouvoir, le film prend alors des allures de téléfilm low-cost…

5/20

Publié dans Critiques de 2010

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