A single man, réalisé par Tom Ford
N’arrivant pas à se remettre de la mort de son compagnon, Jim, dans un accident de voiture, George Falconer, professeur dans une université californienne, décide de mettre fin à ses jours. C’est la dernière journée de cet homme que retient A single man, alors qu’il range ses papiers et conserve ses occupations habituelles. En peu de mots, Colin Firth traduit toute les blessures intérieures de son personnage. Son interprétation d’une grande sobriété, saluée à juste titre par la Coupe Volpi du meilleur acteur obtenue à la dernière Mostra de Venise, offre quelques moments d’émotion, perdus dans un film trop soigné pour être absolument bouleversant. De toute façon, l’intérêt de A single man n’est pas la tristesse et le désespoir de George Falconer mais plutôt le regard qu’il porte sur ce qui l’entoure à quelques heures d’une mort décidée. Sur son chemin, il croisera l’un de ses étudiants, un prostitué latino et retrouvera sa meilleure amie, qui vit dans la même solitude que lui. Lors de ces rencontres, gros plans et ralentis se combinent pour magnifier les corps, alors que l’image se sature progressivement pour rompre avec la marron-gris dominant le quotidien de Falconer.
Le film est centré sur un personnage, dont il adopte le point de vue et la perception du temps. Des secondes s’éternisent, des tons rouges colorent des visages pâles… jusqu’à ce que les plans retrouvent leur teinte de départ, Falconer refusant de céder à la tentation pour oublier ses souffrances. Quelques flashbacks, induits par le souvenir du personnage brisent la continuité de cette journée jusqu’à trouver leur équivalent dans le présent. De même, la noyade d’ouverture trouve un écho dans une scène de baignade nocturne, permettant l’espoir d’une renaissance. A single man est un film qui cultive les paradoxes en plongeant un personnage attendant la mort dans un monde splendide empreint de vie. Il émane de l’esthétique du premier film de Tom Ford quelque chose de singulier et d’envoûtant.
13/20